Dr Adrien Biassin
Alchimiste de transformations intégrales
Comment rendre puissants et victorieux les combats que nous engageons ? C’est une question à laquelle nous ne pouvons déroger. Aujourd’hui, l’espace de la contestation est l’un des plus codifiés de la vie sociale française. Nous n’agissons pas politiquement en stratèges mais en automates dissociés.
Notre état dissociatif collectif ne permet pas une réflexion sur la possibilité de la réussite, c’est-à-dire sur une doctrine politique capable de créer un nouveau champ de force politique pour reprendre l’idée de Bruno Latour. Aucune doctrine politique n’intègre la guérison collective et individuelle : comment créer une autre société si nous ne sortons pas de notre état de dissociation ? Une doctrine politique qui n’indexe pas sa pensée sur le traitement des traumatismes qui sont les racines de l’anthropocène n’est pas une doctrine politique : c’est un continuum mécanique qui nourrit l’état dissociatif.
Sortir de nos traumatismes exige de construire un autre imaginaire créatif au-delà des principaux traumas collectifs issus de plusieurs milliers d’années : contrôle, norme, et manque. S’il fallait caractériser d’un mot la situation politique contemporaine et l’expérience que nous en avons, j’utiliserais le concept de syndrome de Stockholm. Ce qui est spécifique, c’est notre capacité illimitée à reproduire les blessures sur les autres et le vivant dont nous avons été nous-mêmes des victimes un jour ou l’autre. Faire l’expérience de la politique, pour la plupart d’entre nous, désormais, ce n’est pas faire l’expérience de l’espoir d’une bifurcation, des jours plus heureux, c’est contribuer à l’expérience du syndrome de Stockholm.
Les porteurs d’espoir qui souhaitent un désir subjectif de révolution (décroissance, municipalisme, ZAD, autonomie, écologie intégrale) n’ont pas commencé objectivement à se défaire du syndrome de Stockholm. Ils sont même en rejet du travail de guérison thérapeutique qui reproduit les schémas de souffrance pour lesquels ils se sont engagés, engendrant du désespoir de ne pas avancer, des comportements de retrait, de désengagement ou de dépense de l’énergie en pure perte.
La lucidité nous mène à une question centrale : pourquoi la politique émancipatrice semble condamnée à l’échec ? Quel est le substrat porté qui l’empêche d’être une véritable force révolutionnaire ?
Pourtant, il est compréhensible que, face à l’urgence des crises écologiques, sociales et politiques actuelles, de nombreuses personnes ressentent le besoin d’agir immédiatement. Après tout, la situation semble de plus en plus critique : les catastrophes environnementales, les inégalités croissantes, et les tensions géopolitiques créent un climat d’urgence, où chaque minute compte. Dans ce contexte, il peut sembler que prendre le temps de guérir, individuellement ou collectivement, est un luxe dont nous ne pouvons pas nous permettre.
L'action immédiate semble la seule réponse valable face à des problèmes d’une telle ampleur. "Si nous attendons de guérir, nous perdrons tout", pourrait dire un militant écologiste désespéré par l’inaction politique. Il est donc tentant de privilégier une action rapide, même si elle est incomplète ou mal orientée, au détriment d’un travail de guérison plus profond et réfléchi.
Cependant, cette vision est en réalité une illusion de solution rapide. Elle repose sur une idée simpliste selon laquelle l’action extérieure peut résoudre les problèmes systémiques sans tenir compte de l’intérieur. Mais cette approche ignore la manière dont nos blessures, qu'elles soient personnelles, collectives ou historiques, influencent notre capacité à agir efficacement. Agir à partir de nos blessures et traumatismes non guéris ne fait souvent qu'aggraver les choses.
Prenons un exemple historique : de nombreux mouvements révolutionnaires ont cherché à renverser les systèmes oppressifs, mais sans guérir les blessures collectives profondes des peuples qu’ils cherchaient à libérer. Résultat : après la révolution, ces sociétés ont souvent reproduit les mêmes dynamiques de domination, de violence et de souffrance, car les blessures n’avaient pas été traitées en amont. Ces mouvements, bien que porteurs de grands idéaux, ont échoué à créer des changements durables parce qu’ils ont agi sans avoir conscience des traumatismes sous-jacents qui maintenaient la population dans un état de dissociation, de peur et de violence.
Dans le contexte actuel, nous faisons face à un système néolibéral mondial qui prospère sur nos traumatismes et nos névroses individuelles et collectives. Il ne suffit pas de se battre contre ce système de manière superficielle ou réactive, car chaque action entreprise depuis nos blessures ne fait que nourrir ce même système. Si nous restons dans la réactivité et l'urgence, nous finissons par renforcer l'inertie des structures oppressives, même lorsque nous croyons les combattre.
En revanche, la guérison permet de revenir à une action profondément transformative et durable. Elle crée un espace où l’on peut agir non pas depuis la peur, la frustration ou l’impuissance, mais depuis un lieu de calme intérieur, de clarté, et de véritable puissance. Une action issue de la guérison ne sera pas seulement plus efficace, elle sera aussi plus juste et cohérente, car elle ne reproduira pas les mêmes dynamiques destructrices qu’elle cherche à combattre.
Ce n’est qu’en guérissant nos blessures que nous pouvons réellement envisager un changement profond et véritable. Une guérison collective permettra de reconstruire la confiance, de restaurer le lien avec soi-même, les autres et la nature. Ce n’est pas une guérison "idéalisée", ni une fuite dans un monde spirituel déconnecté des réalités. C’est une guérison pragmatique qui permet de nettoyer les racines émotionnelles et psychiques du système que nous voulons renverser. En guérissant collectivement nos blessures, nous créons de nouvelles bases solides pour l’action. Nous faisons de notre pouvoir intérieur une force constructive qui nourrira nos projets, nos mouvements et nos révolutions. Une guérison profonde et durable est la seule manière de bâtir une résistance authentique et résiliente face aux crises actuelles, tout en évitant de reproduire les erreurs des luttes passées.
Le temps que nous "perdons" à guérir n’est pas un temps perdu : c’est un investissement dans la pérennité de l’action que nous engageons. Car sans guérison, nous sommes condamnés à agir de manière réactive et fracturée, sans véritable capacité à transformer durablement les structures de pouvoir et de domination.
Hélas, aujourd’hui, ce n’est pas parce que nous n’agissons pas, ou pas assez, ou parce qu’il n’y a pas assez de force émancipatrice qu’il y a échec, c’est qu’en agissant avec nos traumatismes que nous perdons. Le mode opératoire d’actions porte inconsciemment les couches traumatiques qui les ont vues naître sans s’en défaire. Ne pas se défaire des traumatismes est une manière d’échouer.
Nous sommes tous porteurs de traumatismes personnels, familiaux, collectifs et de l’espèce. Agir et prendre des décisions à partir de cet espace, c’est prendre le risque de créer une pensée politique ou un mode d’agir qui n’a pas conscientisé ce qui nous fait individuellement et collectivement souffrir. Les pratiques de lutte pacifique ou violente ne semblent non seulement pas modifier les comportements des dominants, mais les renforce !
Nous ne sommes pas sérieux politiquement, si nous voulons créer une bascule profonde, il s’agit de nettoyer les traumatismes et sortir du syndrome de Stockholm. C’est à partir de cet espace que nous pourrons produire des transformations concrètes, effectives et soutenables. La plus grande menace n’est pas seulement l’effondrement du vivant, de la biodiversité, les inégalités, le climat ; la plus grande menace est la projection sur autrui des traumatismes inconscients que nous portons tous.
Plus nous serons nombreux à guérir nos couches de blessures, plus les actions pensées pourraient être beaucoup plus efficaces que des happenings ou marches du climat qui rassemblent des dizaines de milliers de gens.
La rationalité française et sa culture dissociative poussent à reconnaître les limites de la raison : il ne faut se faire aucune illusion sur le pouvoir du dialogue et de la conviction qui vient d’un espace traumatique non conscientisé. Il y a des moments où seule la guérison est susceptible d’infléchir le cours des choses. Essayons, nous ne l’avons jamais tenté collectivement en France.
L’ère du sacrifice, du rituel, du régime du happening et de la manifestation a fait son temps. Essayons une autre stratégie politique, inédite et subversive : la dépossession de nos traumatismes individuels et collectifs de nos inconscients. C’est prendre conscience que nous sommes occupés à agir depuis une position dominée par nos peurs, nos manques et nos normes.
Le mouvement social doit parvenir à cesser sa dissociation pour instaurer sa propre dynamique. Nous croyons gagner et agir, en fait, structurellement, nous reproduisons l’état dissociatif. Il n’est pas trop tard pour inverser cette tendance.
Quand on a perdu le pouvoir sur son inconscient, que c’est celui qui dirige notre destin individuel et collectif, on a tout perdu, sans même comprendre la racine et on ne peut que perdre et régresser indéfiniment. Dès que nous nous plaçons en position offensive, c’est-à-dire en position de reprendre possession des parties traumatiques que nous portons, alors nous repoussons les structures qui nourrissent le syndrome de Stockholm. Les forces réactionnaires, autoritaires, d’oppression progressent dans une inertie déconcertante parce qu’elle surfe sur la vague inconsciente de nos névroses ; et plus nous luttons par des actions ordinaires contre elles, plus nous créons une norme instituée de ses modes de fonctionnement.
Notre but aujourd’hui est évidemment de nous dégager de ces forces réactionnaires, mais aussi des forces émancipatrices qui portent en elles les blessures et la dissociation afin de créer de nouvelles forces émancipatrices sur des bases saines pour renverser les forces réactionnaires. Les nouveaux thèmes et les nouvelles exigences se situent dans la temporalité que nous saurons donner à la guérison de nos blessures. Les gouvernants n’auront aucune main dessus puisque nous prenons soin de notre inconscient, bien immatériel qui dirige nos vies et la planète.
Nous ne pourrons retrouver une puissance active et féconde qu’à condition de sortir de nos névroses. L’ordre passé, que nous critiquions, devient la référence émancipatrice à partir duquel nous nous appuyons pour nous guérir. L’ordre passé est né de nos névroses, conscientiser nos névroses, c’est créer de facto une autre mobilisation de nos dispositifs intérieurs et extérieurs, c’est-à-dire sociopolitiques.
Ce qui décidera, en dernière instance, de la bascule, c’est notre capacité à reprendre possession de nos blessures pour les transmuter. Est-il plus radical de s’enchaîner aux grilles d’une préfecture ou de passer des week-ends entiers à explorer les traumatismes que nous portons ? Quel est le plus grand changement à moyen terme : 1 million de personnes dans les rues pour une manifestation ou 1 million de personnes qui mettent en conscience leur état dissociatif pour retrouver leur puissance d’être et d’agir ?
Celles et ceux qui occupent des positions de pouvoirs ont tous été formés dans les Écoles de pouvoir dans les années 1980, leurs cerveaux datent des années 1980 et leurs pensées ne changeront pas. La doctrine socio politique apprise leur a été enseignée par des professeurs nés avant la Seconde guerre mondiale, eux même ont reçu une instruction de leurs parents issus de la Première Guerre mondiale. Nous pouvons dire sans déformer la réalité que la vision politique du pouvoir date des années de la Grande Guerre, un moment de nationalisme exacerbé par des institutions et où deux millions de Français y laissèrent la vie, les survivants, eux, sont rentrés du conflit avec des stress post-traumatiques. Ces écoles de pouvoir sont faites pour des institutions héritées de nos blessures collectives.
Pour créer une société qui sort de son état dissociatif, il n’y a pas besoin de passer par des études prestigieuses, uniquement par l’exploration intérieure de notre inconscient. Nous sommes à un moment charnier où nous pouvons agir pour les prochaines décennies maintenant sans attendre le long processus de prise de pouvoir. La première prise de pouvoir révolutionnaire est notre propre cheminement thérapeutique, nous passerons à la deuxième prise de pouvoir révolutionnaire en réorganisant le champ politique émergeant d’espaces guéris.
Dans le champ intellectuel et universitaire, cet appel à la guérison est ignoré si ce n’est pas méprisé. C’est pourtant compromettre une stratégie à moyen et long terme qui nous amène à reconnaître le bourreau, la victime et le sauveur des dispositifs et institutions qui façonnent notre quotidien. Les reconnaître comme ils sont c’est leur laisser leurs opinions où elles doivent rester, c’est se protéger de leur contamination dans notre nouvel espace et esprit guéri.
Le décalage entre les effets ressentis de la guérison et le début du processus peut être court même si on peut avoir l’impression de stagner. Dans le paradigme actuel, l’université produit des producteurs culturels et idéologiques ; dans ce nouveau paradigme politique, chacun se produit et produit des agents conscients des névroses que nous portions jusque-là. Chacun peut devenir son propre universitaire puisqu’il explorera les longs rayons de sa bibliothèque personnelle et familiale pour y déceler les traces traumatiques.
Cette stratégie est efficace et ne nécessite par des capitaux culturels, financiers, politiques, économiques et sociaux. Il est possible d’avancer avec des outils gratuits et facilement accessibles pour produire un nouvel ordre social qui ne soit pas la dissociation collective. Pour créer ce monde social, nous devons nous opposer non pas à l’ignorance, mais à l’inaction de la guérison traumatique.
L’échec répété des forces émancipatrices est lié au fait qu’elles n’ont pas développé une méta conscience et qu’elles n’ont pas su — à travers l’histoire — nommer, visibiliser et guérir un monde porté par des institutions, des normes et des nations héritées de nos souffrances.
Les formes politiques que nous mobilisons et que nous prenons pour des modes d’action sont en réalité des producteurs du syndrome de Stockholm. Il existe pourtant une différence considérable entre agir politiquement depuis un espace névrotique et agir politiquement depuis un espace non blessé. Aller dans la rue, manifester, coller des affiches c’est agir sans conscience des blessures individuelles et collectives. Et si c’est croire que l’on a fait autre chose et que c’est suffisant, c’est reproduire les schémas historiques qui nous ont menés dans une impasse.
L’axe classique expressives-réactives (gauche et droite) réagit au pouvoir et se content d’être des moyens pour exprimer un désaccord via les dispositifs que les institutions nous laissent ou veut bien tolérer. L’axe conscientisation-guérison initie un nouveau temps à soi, à l’autre, au monde et produit un autre temps politique. Se subjectiver comme espace de guérison à travers l’environnement direct permet de ne pas se subjectiver comme sujet réagissant politiquement à l’État, mais, au contraire, comme sujet de conscience qui s’offre une quête d’autonomie par la mobilisation émotionnelle, qui en quel que sorte, institue un nouveau « je » par la guérison pour produire un nouveau « nous » en émergence qu’il veut voir en place.
L’action d’introspection directe fait émerger une gouvernementalité véritablement alternative pour se soustraire des possessions inconscientes. Faire preuve d’imagination de guérison intérieure c’est faire reculer les contraintes du droit, des institutions et du gouvernement. Plus nous guérisons, moins ils ont de prise sur nous.
Cette guérison ne doit jamais utiliser les catégories de légalité ou d’illégalité, l’évaluation de ses propres modes d’action ou celle des autres dépendent des caractéristiques traumatiques de chacun et de ses capacités du moment à pouvoir les surmonter. Ce qui est bon pour sa guérison mérite sa propre légalité. De fait, les thérapies psychédéliques qui sont interdites en France malgré les preuves scientifiques de leur succès dans un large panel d’intervention psychique, doivent être utilisées si la personne en ressent le besoin pour ses propres guérisons. Il n’y a pas à attendre de l’État pour savoir ce qui est bon, cette désobéissance civile tend à séparer la dissidence ordinaire traumatique pour se consacrer à des énergies avancées.
Trouver les modes d’action juste pour soi c’est se permettre d’agir en accord avec son propre cheminement intérieur. Le champ de lutte politique émergeant n’est plus celui de la lutte frontale, de la souffrance, du risque mais du sentiment d’une lutte authentique et forte contre ses propres névroses pour se libérer des champs inconscients.
Les institutions nocives et ceux qui y occupent des positions de pouvoir ne pourront jamais avoir la main sur votre propre guérison, l’esprit espiègle qui anime ces réseaux ne pourra pas franchir l’espace immatériel de l’évolution de la guérison. C’est pourquoi, le nouveau paradigme politique n’est plus de juger une manifestation, une grève ou une action en fonction des résultats, mais de l’effet concret de votre émancipation névrotique personnelle, collective et institutionnelle. Nous devons nous mettre en position de modifier notre manière de concevoir ce que veut dire agir : agir à l’extérieur depuis la projection de ses propres blessures ou depuis un espace assaini ? Ce que je veux dire lutter : lutter contre un système né de névroses ou lutter pour créer un système épuré de ses névroses ? Ce que veut dire être radical : radicalité dans la posture extérieure ou la radicalité d’explorer les racines de ses blessures ?
Si les modes d’action des forces conservatrices, qui tournent en boucle dans la reproduction des traumas, sont plus efficaces que les forces d’émancipation actuelles, qui reproduisent sans le savoir les traumas dans l’espace visé, si ces forces conservatrices sont plus puissantes, plus fortes, et plus percutantes, ne devrions-nous pas tenter d’essayer collectivement ce qui ne s’est encore jamais réalisé dans l’histoire : une guérison collective de nos blessures ?
La force du néolibéralisme est de prospérer sur nos névroses, ils ont mis en œuvre une stratégie lente, puissante, structurale, d’infiltration de l’appareil d’État et de transformation des structures mentales, en assumant le temps que prendrait l’acculturation des cerveaux à une nouvelle idéologie. L’arme la plus puissante est l’infiltration de notre propre inconscient, la conquête de la guérison. Cette phase nous conduit à nous offrir la possibilité d’investir des espaces puissants de transformation individuelle et collective.
Les institutions apparaissent alors comme des lieux de nos croyances et blessures historiques, des constructions névrotiques qui n’ont plus d’être. Émerge une conquête de créativité institutionnelle pour embrasser les typologies apaisées d’existence. Le travail sur soi est l’équivalant dans le champ politique du geste de la révolution, c’est rebattre les cartes. Le monde un peu moins mauvais et les institutions un peu moins nocives n’ont jamais été aussi proches de cette minuscule option stratégique de guérison que nous n’avons pas encore essayé collectivement.
Si on ne s’investit pas puissamment dans ce choix, nous sommes condamnés à reproduire inexorablement les blessures, croyances et traumatismes. L’impuissance politique provient pour une grande partie de la traduction concrète de la non-guérison traumatique, l’économie psychique nous mène à l’échec.
Notre travail collectif doit consister à parvenir à ancrer l’idée récalcitrante d’explorer ses traumatismes comme un réflexe premier, une pratico-inertie, pour vraiment définir ce qui n’a pas besoin d’être là et ce qui doit encore être institué.
La bataille politique de ce champ de paradigme émergeant n’est plus seulement la conquête de l’hégémonie idéologique par des actions, ce que nous devons construire en premier lieu est l’espace intégratif du champ traumatique. Cette pratico-inertie est profondément radicale et révolutionnaire.
Modifier les structures politico-juridiques dans un monde où se maintiennent les états dissociatifs, les blessures et les croyances ne peut pas aboutir à des modifications substantielles. Ces structures anciennes ont une certaine autonomie, c’est la raison pour laquelle changer la société demande que l’action politique ne vise pas seulement le droit, mais aussi les racines profondes de nos traumatismes, c’est une pratique radicale.
S’il n’y a pas de renversement de ses parts dissociées et blessées, il n’y a pas de centre sain, donc il n’y a pas de révolution saine. Un discours qui affirme s’en prendre à une forme de pouvoir, mais qui, lorsqu’il s’énonce, n’identifie pas les racines psychologiques et émotionnelles de nos blessures individuelles et collectives pour le transformer, n’est pas un discours politique.
Cette proposition est puissante, car spécifique à chacun, local, et qu’elle va au bout de notre singularité. Elle doit devenir l’obsession du mouvement social pour s’approcher d’une effectivité réelle. L’angoisse éthique est le refus de guérir. La condition révolutionnaire est de faire le deuil de notre croyance à l’émancipation sans guérison. Guérir est la nouvelle économie psychique qui nous condamne à l’ouverture d’un nouveau champ sociopolitique.
Dr Adrien Biassin
Thérapeute, docteur, chercheur, enseignant, conférencier, auteur, écoaventurier, multi-créateur, poète de l'âme.
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